La question cruciale de l’entraînement des compétences
Les attentats du 13 novembre 2015 ont installé le risque terroriste en France. Le risque est tangible : selon une étude publiée dans Le Monde en mars dernier, les services de lutte antiterroriste ont recensé pas moins de 78 projets d’attaques sur le sol français depuis 2013, dont 11 aboutis, 17 échoués et 50 déjoués.
Sans succomber à l’idéologie de la peur, les gouvernements successifs ont pris différentes mesures politiques pour réduire la menace au quotidien, et développer les capacités de réaction en cas d’attentat produisant un grand nombre de victimes.
Les autorités ont notamment fait évoluer les procédures de prise en charge d’un afflux massif de victimes (circulaire du 13 avril 2016). L’arsenal de planification est maintenant riche et exhaustif : plan NOVI pour secourir un nombre important de victimes dans un même lieu, dans le cadre du dispositif ORSEC (organisation de la réponse de sécurité civile) déclenché par un préfet ; plan ORSAN-AMAVI (« Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelle – Accueil Massif de Victimes »), piloté par les Agences Régionales de Santé (ARS) ; Plan Blanc pour la réorganisation des établissements hospitaliers.
La prise en charge d’un afflux massif de victimes ne soulève pas qu’un problème organisationnel ; c’est aussi un problème de compétence. Dans leur pratique quotidienne, les professionnels de l’urgence médicale disposent de ressources importantes, en personnel et en matériel, pour prendre en charge une personne. L’afflux massif de victimes définit des situations inverses : les ressources sont insuffisantes pour réaliser une prise en charge optimale sur chacune des victimes. La prise en charge requise est donc différente : il convient d’établir des priorités et de réaliser les gestes du damage control, afin de donner le plus de chances possibles à toutes les victimes d’être prises en charge avant qu’il ne soit trop tard. Et ceci, dans un contexte particulièrement anxiogène.
La maîtrise de ces nouvelles compétences par les professionnels de santé est donc l’une des composantes clés de la préparation de ce type de crises.
Des réponses qui ne sont pas à la hauteur des exigences de l’entraînement des compétences
Aussi depuis 2015, les professionnels de santé ont-ils été appelés à réaliser des exercices pour se préparer à ces situations de crise. Mais ces exercices ne sont guère suffisants s’ils ne sont pas renouvelés continuellement. Tous les professionnels médicaux s’accordent sur la nécessité de se plier à des entraînements réguliers et exigeants, afin de forger des équipes réactives, soudées et de mécaniser les procédures. Si le récit médiatique des attentats s’estompe quelque peu, ce dont on ne peut que se réjouir, le maintien des compétences spécifiques à la prise en charge d’un afflux massif de victimes n’en reste pas moins prioritaire.
Un outil d’amélioration collective de la prise en charge des situations exceptionnelles plébiscité par les professionnels
A l’ère de la technologie numérique, des solutions de plus en plus perfectionnées voient le jour, permettant aux professionnels de tester et d’évaluer les compétences des équipes, de roder et d’améliorer l’efficience des processus.
La plate-forme d’entraînement médical innovante « Traumasims » a été conçue pour et avec les professionnels, afin qu’en entretenant leurs compétences, en les maintenant actives durablement, ils puissent faire face à ces situations. « En reproduisant les situations, l’outil permet de former à la rapidité du triage et à la juste évaluation des cas ; et ce, dans des conditions exceptionnelles génératrices de stress » déclare un Médecin tactique du RAID. « Parce que l’enjeu est bien de savoir pratiquer le bon geste au bon moment par le bon opérateur ».
Ergonomique, la plate-forme est facile d’utilisation et peu onéreuse. Elle prend en compte plusieurs scénarios modulables, combinant jusqu’à 48 cas cliniques ayant un moteur physiologique évolutif : tri des blessés, réalisation de gestes d’urgence, organisation de points de regroupement des victimes, évacuation vers des hôpitaux. Les débriefings détaillés de l’outil facilitent et aiguillonnent la réflexion des équipes sur leurs pratiques et leur amélioration. « Ce logiciel permet d’enseigner, d’apprendre, de se tromper sans conséquence pour les patients, et donc de progresser » affirme le Professeur Raux – Professeur des Universités/ praticien hospitalier anesthésiste-réanimateur de l’AP-HP.
Les équipes médicales, paramédicales, hospitalières et pré- hospitalières de la traumatologie ainsi que les pompiers ou les services des armées – tous plébiscitent l’entraînement collectif simulé, dans le but de réduire l’effet de sidération initial et d’améliorer les process globaux de prise en charge en situation exceptionnelle. « Les professionnels sont très demandeurs même si l’effet générationnel joue et les jeunes praticiens sont enclins à utiliser ces outils » indique le Dr Sébastien Mirek – Médecin anesthésiste-réanimateur CHU Dijon/ médecin réserviste SSA.
De l’invention de l’entraînement à la réalisation de l’entraînement
Faciliter l’inscription de l’entraînement dans les organisations, telle est l’étape suivante, telle est l’urgence.