CNOSF & Ségur 2020 : 55 % des sages-femmes envisagent de quitter le métier

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Dans le cadre du Ségur de la santé, le CNOSF a lancé une grande enquête en ligne le 1er juin afin de restituer les attentes, les ambitions et les espoirs des sages-femmes hospitalières et libérales.
Retour sur les résultats alarmants de l’enquête et les propositions d’amélioration axées sur une meilleure prise en compte de la santé des femmes et de la périnatalité.

 

Le 1er juin 2020 le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes (CNOSF) lance une enquête pour le Ségur de la santé afin d’identifier les difficultés qui existent au sein de la profession sage-femme depuis des années et comment la crise sanitaire a affecté leurs vies professionnelles. C’est plus de de 44% des sages-femmes en activité en France métropolitaine et DOM qui ont répondu à l’enquête (soit près de 11000 personnes)

 

« Notre pays vient de traverser une crise sanitaire sans précédent qui a exacerbé les failles d’un système de santé déjà fragilisé, fonctionnant uniquement grâce au dévouement des professionnels de santé. Cette crise atteste également, s’il le fallait, que la logique comptable qui s’est imposée dans nos politiques de santé est un échec : la santé n’a pas de prix. Aujourd’hui, nous devons profiter du Ségur de la santé pour bâtir les fondations d’un nouveau système plus juste, plus équitable, plus efficace et plus humain au service de tous. Nous devons répondre aux besoins et attentes des citoyens, construire un système respectueux des soignants et remettre au centre de nos politiques de santé la santé des femmes et la périnatalité, aujourd’hui marginalisées. »

Anne-Marie Curat, Présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes

 

L’impact de la crise sur la maternité

Les résultats de l’enquête rapportent que 99,1% des répondants estiment que les établissements ont dû se réorganiser dans le cadre de crise sanitaire avec l’ouverture d’une cellule COVID dans 92,9% des cas.

Concernant les consultations, 49% des sages-femmes exerçant au sein d’une maternité affirment que les consultations ont été maintenus en présentielles. Pourtant la télémédecine est fortement recommandée dû au contexte particulier.

L’impact de la crise sur les sages-femmes libérales

La crise a eu un fort impact sur celles-ci : 74% des répondants libéraux affirment avoir eu une baisse d’activité assez important. De même 6% déclarent avoir dû arrêter leur activité.

Pourquoi cette baisse d’activité importante ? Principalement dû au suivi des recommandations des pouvoirs publics de reporter les soins non urgents.

 

Le constat de cette enquête est à la foi informatif et alarmant. Il met en lumière un profond mal être (55% des sages-femmes ont envisagés de quitter le métier, et seulement 25% l’évalue positivement).

Mais surtout, un grand nombre de sages-femmes hospitalières estiment ne pas avoir le temps de prodiguer des soins de qualité, que les effectifs en maternité sont insuffisants, et que le statut actuel dans la fonction publique est inadapté.

Rappelons qu’en France 1 décès maternel sur 2 est évitable. Et si les mortalités périnatales et néonatales ont diminué en France ces 30 dernières années, le pays est passé du 17ème au 23ème rang des pays européens ayant le moins de morbidité périnatale

Enfin, 96% des sages-femmes estiment que le métier n’est pas valorisé. Par manque d’information de leurs compétences auprès du grand public, et par manque de rémunération (pour environ 75% d’entre elles).

 

20 propositions d’amélioration de la profession de sage-femme

En prenant en compte cette enquête, le CNOSF a mené de nombreux échanges avec le service des sages-femmes et Ségur. Il a formulé 20 propositions structurées autour de 4 axes visant à améliorer la prise en charge médicale des femmes et à développer la pratique de la profession de sage-femme :

  • Renouveler la périnatalité avec un accompagnement à la naissance personnalisé, coordonné et centré sur la femme
  • Faire de la sage-femme la professionnelle incontournable de la santé génésique
  • Améliorer le déroulement des carrières et la rémunération des sages-femmes
  • Simplifier l’exercice des sages-femmes

Ces propositions, dont certaines sont simples à décliner, permettraient de fonder un modèle renouvelé et répondraient à l’ambition qui anime le CNOSF et les sages-femmes : garantir les droits et la santé des femmes de notre pays.

 

Une profession reléguée au second plan

Les accords du Ségur de la santé conclu le 13 juillet dernier, une fois de plus la profession de sage-femme est ignorée des pouvoirs publics, non citée dans la revalorisation des médicaux et des paramédicaux.
Le Ségur prévoit 8,2 milliards d’euros pour la revalorisation des métiers des établissements de santé et des EHPAD mais les mesures prises pour les sages-femmes sont calquées sur les professions paramédicales.

« Pourtant, l’obstétrique ne se déprogramme pas ! C’est toute la profession de sage-femme qui a été mobilisée pendant la crise du COVID-19. », comme le rappelle la lettre ouverte du CNOSF.


À ce jour, « exclue du Pilier I sur les négociations salariales, les syndicats professionnels n’ayant pu y participer, les sages-femmes se voient attribuer une augmentation calquée sur celle des professions paramédicales et non-médicales et ne se voient proposer aucune perspective, niant leur engagement dans la crise mais également le rôle fondamental qu’elles occupent au quotidien.»

C’est donc une mauvaise nouvelle s’abattant sur plus de 23 000 sages-femmes en France. Le CNOSF demande au gouvernement d’ouvrir les négociations avec les syndicats professionnels pour aborder les évolutions attendues par la profession.
“Nous vous écrivons, car nous sommes en recherche désespérée de soutien, de compréhension et de visibilité politique pour notre profession que nous aimons tant mais qui est plus que méconnue et méprisée par le ministre de la Santé et des Solidarités, Monsieur Olivier Véran.” Ecrivent dans une lettre le 5 août 2020, des sages-femmes du Centre Hospitalier de Troyes en s’adressant aux élus locaux.

Avec plus de 700 000 naissances en France, par an, les sage-femme méritent une reconnaissance de leur rôle essentiel dans l’accompagnement de la mère et le nouveau-né.

Vous pouvez lire le compte rendu de CNOSF dans son intégralité ici

Source: CNOSF

 

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